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La
Nuit du tango occupe une place à part dans Le Printemps des
Bretelles : c'est « LA soirée haut de gamme
» du festival des accordéons du monde.
Vérification, samedi soir, dans la salle Milius
d'Illkirch-Graffenstaden.
Salle Milius. Milieu de soirée. Passée la porte
d'entrée, la musique vous saisit. Le tango
, c'est d'abord un son. A la fois mélancolique et
envoûtant. Plus de 300 personnes - pour moitié
attablées - assistent, dans la pénombre, au
concert de Quinteto Angel. Et dégustent, en guise de hors
d'oeuvre, les notes sombres, puis claires du bandonéon.
Une aire de jeux pour talons
aiguille
Le rythme
chaloupé, vif puis langoureux, offre aux
spectateurs de cet orchestre berlinois, une mise en bouche des plus
agréables. Les applaudissements nourris n'en sont pourtant
pas moins autant d'invitations empressées des convives - qui
commencent à avoir des fourmis dans les jambes -,
à passer au plat de résistance : le bal.
La lumière reste tamisée. Les robes du soir et
les costumes noirs se lèvent. Les silhouettes se dessinent.
Les épaules des femmes sont dénudées.
Les mains se touchent et les corps se rapprochent. La musique,
toujours, les précède.
Les premiers couples défient la piste. D'autres les suivent.
Bientôt, l'espace réservé aux danseurs
devient une aire de jeux pour talons aiguille et bas
résille. A Illkirch, ce soir, les danseurs sont en terrain
conquis - à en croire le peu d'hésitation
à placer leurs pas sur le parquet. Le public est
connaisseur, c'est manifeste. On ne s'improvise pas danseur
de tango.
Bien sûr, il y a ceux qui dansent bien. Qui accrochent les
regards. Et puis les autres, qui se font plaisir avant tout. Martine
Bernard, co-organisatrice de la soirée ne dit pas autre
chose : « On est là pour
séduire en
trois minutes ! » Règle
numéro un :
« Il n'y a pas de chorégraphie
». Pour
elle, apprendre le tango, c'est un peu comme « réapprendre
à marcher ». Question de
tempo, de conduite, de créativité. L'homme
« doit savoir guider ». Il « propose
». Et la femme ? « Elle dispose... On ne guide pas
une "Ferrari" n'importe comment... On ne la bouscule pas... »
Décryptage : « Tendez l'oreille... Là,
la musique est lente, la dame peut tourner autour du cavalier... Ici,
il y a un temps où elle peut se faire plus
féline... Et maintenant l'enlacer... Chaque mouvement de la
musique peut donner naissance à un geste, qui selon l'humeur
du moment, peut donner un tango complètement
différent ». Un détail qui a son
importance pour Martine Bernard : impossible de tricher, « vous
ferez le tango comme vous êtes dans la vie ».
Philippe
Dossmann
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